Il se bat contre les éoliennes pour sauver son fils handicapé Mon nom est Emmanuel Jeannot, mais vous pouvez m’appeler Jeannot. Je suis éleveur de chèvres dans la région de Cognac. Mon aventure a commencé il y a cinq ans, lorsque j’ai décidé de reprendre la ferme familiale de mon épouse, pour aider mon fils ainé à s’en sortir. Il y a treize ans, Teddy a eu un grave accident de voiture. Il n’avait que 19 ans, il a failli mourir mais nous avons gardé espoir. Après des soins intensifs, une longue période de coma, il a survécu, mais il porte à jamais les stigmates de l’accident. Il ne peut faire que quelques pas, les gestes du quotidien sont difficiles. Il est handicapé à vie. Avant de reprendre la ferme, je travaillais dans les vignes, avec les chevaux qui servent aux vendanges. Pour lui changer les idées, à sa sortie de l’hôpital, je l’ai emmené avec moi sur les cultures, et je me suis très vite aperçu que grâce à la présence des animaux, son état s’améliorait. Il se sentait bien, il avait l’air heureux. C’est ainsi que j’ai décidé, il y a cinq ans, de reprendre la ferme familiale de mon épouse, et de me lancer dans la fabrication des fromages de chèvres. On a baptisé le domaine « Au lait Benaize » J’ai monté cette affaire tout seul, sans emprunter, car je ne voulais rien devoir à personne. Et notre affaire se porte bien : j’ai à présent 42 chèvres, mon fromage frais a été médaille d’or au concours de la Nouvelle Aquitaine. Je suis très fier de notre Petit Benaize. Il est savoureux, juste démoulé, légèrement salé, et mon fils est heureux. Il s’épanouit dans à la ferme. Pour lui, j’ai aménagé les installations pour qu’il puisse être autonome, avec par exemple un tapis roulant pour apporter le foin aux bêtes, et son fauteuil roulant peut passer partout. J’appelle ça ma « thérapie agricole ! ». Ma devise a toujours été « Espoir et liberté » : faire du malheur une force. Ensemble, nous avons décidé d’accueillir des personnes handicapées sur la ferme, afin de leur offrir ce moment de calme dans leurs souffrances quotidiennes. Je pense tout particulièrement aux enfants autistes, qui peuvent se ressourcer en pleine nature, et se sentir utiles. Mais il est impensable de les accueillir dans un lieu bruyant, et inondé de champs électromagnétiques. Leurs parents savent bien à quel point ils y sont hypersensibles. Malheureusement, les promoteurs en ont décidé autrement. Ici, autour de Vanzac, les parcs éoliens fleurissent. Il y en a déjà deux à l’Est de la ferme, et un nouveau projet devrait voir le jour à moins de 600 mètres de chez nous. Il y a quelques années, j’aurais sans doute applaudi des deux mains en voyant se dresser les mâts. Mais j’ai vu les ravages de ces installations dans les villages : disputes entre voisins, contrats signés sous le manteau, pression des promoteurs. Je suis aussi allé à la rencontre des éleveurs impactés, des animaux malades, des habitants victimes d’acouphènes. Je ne me suis pas contenté des « on dit que » des « on suppose que » : j’ai pris ma voiture, mon téléphone, et j’ai appelé les éleveurs qui perdent leurs troupeaux au pied des mâts déjà installés. Personne ne les écoute, ils observent pourtant les mêmes phénomènes : vaches malades, cellules dans le lait, décès, maux de tête pour les humains, vertiges. Certains veulent se pendre de désespoir, d’autres ont perdu leur femme, leurs amis. Aujourd’hui, je sais à quel point la présence des courants électriques est néfaste pour les personnes fragiles. Avec une ligne électrique souterraine à proximité de la maison, avec ces éoliennes supplémentaires, je sais très bien que ni mon fils ni les enfants que je souhaiterais accueillir, ni mes chèvres, ne pourront supporter l’arrivée d’autant de champs électromagnétiques au même endroit. J’ai constitué un groupe d’éleveurs victimes de ces machines, et je ne compte pas en rester là. Je suis tout petit, je ne suis qu’un éleveur de chèvres, et les promoteurs sont puissants. Mais moi je suis libre. Je n’ai pas de dettes, mes mains ne sont liées avec personne. Alors je ne vais pas me taire, ni me laisser faire. On nous rebat les oreilles avec des histoires d’inclusion, de lieux d’accueil pour les plus fragiles, mais on n’en fait pas grand cas quand il y a des usines à installer ! J’ai prochainement rendez-vous à la préfecture, j’y apporte un dossier conséquent. Je suis fidèle à ma devise : espoir, et liberté. Notre parole finira par être entendue. Pour mon fils, pour mes chèvres, je me battrai. Je parlerai dans la presse, je parlerai sur les réseaux, je porterai la parole de ceux qui sont épuisés à force de crier dans le désert. Je regarde mes chèvres gambader et je répète : espoir, et liberté. Et si vous voulez m’aider à sauver ma ferme, partagez mon témoignage. Merci de votre aide. Témoignage recueilli par Sioux Berger, Septembre 2024.